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Compte-rendu de la réunion du 3 avril

I. Présentation des recherches de Marie Auger : « Surface en tension – explorations de la matérialité et des potentialités volumiques du tirage depuis les années 2000 »

Le projet a commencé à prendre forme avec la rencontre de Matthew Stone, artiste londonien né en 1982 qui créé des installations photographiques, des photographies impressionnées sur bois exposées en galerie ou à l’extérieur, qu’il appelle “photosculptures”. Est-ce un néologisme et regroupe-t-il un corpus contemporain identifié ? La photosculpture est une invention du XIXe siècle qui a connu une extension sémantique importante et qualifie aujourd’hui des objets sculpturaux et photographiques.

La constitution du corpus est passée par de nombreuses recherches sur l’Internet, étendue aux mots « reliefs », « sculptures », etc. Elle a abouti à un ensemble d’œuvres considérable et hétérogène. Il a donc fallu trouver des critères de sélection, très subjectifs dans un premier temps : recherches formelles balisées qui mélangent sculpture et photographie. Ce travail s’est poursuivi dans des événements comme la FIAC ou Paris-photo ainsi que sur différentes plateformes de partage d’images comme Flickr ou Tumblr.

Cette tendance de la photographie contemporaine à aller vers la troisième dimension est un phénomène important. On utilise l’image photographique et on la transfert sur d’autres supports, opaques (le tissu, le bois, l’aluminium, le béton) ou transparents. Le sujet se concentre sur un corpus cohérent : la photographie en volume sur tirage papier. Ces critères sont à la fois esthétiques et techniques.

La construction du volume peut se faire par assemblage : empilement, entassement de plusieurs images ; le rapport au volume géométrique, mathématique auquel on adapte la photographie ; la modélisation photographique du réel (le photoréalisme). Cette première manière est illustrée par un corpus de cinquante artistes qui travaillent surtout depuis le début des années 1960 aux Etats-Unis.

La construction du volume peut aussi être obtenue par altération volumique du tirage qui conserve l’unité du tirage grâce au pliage, à la déchirure. Mais à partir de quand peut-on parler de volume en photographie, son conditionnement habituel étant le tirage à plat ?

 

I- Photographie et sculpture – état des lieux

1 – Une problématique prise en charge par les milieux universitaires britanniques et français dans les années 1990

a. Les différentes catégories relationnelles identifiées par les contributions entre          photographie et sculpture

b.   Les différentes tentatives d’accroissement de matérialité évoquées par Jean-François Chevrier et Régis Durand

 

Les questionnements autour de la mixité entre photographie et sculpture ont occupé les milieux de la recherche britannique et français durant les années 1990 mais ils se sont très vite essoufflés. Depuis lors, ils n’ont connu, ni en France ni en Grande-Bretagne, de renouvellements notoires. Les publications plus récentes sur le sujet ne font souvent que proposer des approfondissements, si bien qu’aucun éclairage récent ne permet de mieux comprendre les objets très contemporains traités dans ce sujet.

Pour autant, il ne faut pas conclure à l’inactualité absolue de cette problématique. C’est tout l’enjeu de la partie suivante : montrer que les rapports photographie-sculpture ont été régulièrement abordés depuis les années 1970 jusqu’aux années 2000 aux Etats-Unis, à travers un nombre conséquent d’expositions ; sans doute, ceci explique que la majorité des artistes du corpus travaillent outre-Atlantique.

 

2 – Une problématique abordée et renouvelée sous le format des expositions aux États-Unis depuis les années 1970

a. La défense de la manipulative photography par Bunnell de « Photography as Printmaking » à « Photography into Sculpture »

b.   Les expositions dans le sillage de « Photography into Sculpture » aux Etats-Unis

c. Les remontages de « Photography into Sculpture » ou les signes d’un transfert d’actualité vers la France ?

 

Peter Bunnell intègre le personnel du  Museum of Modern Art en 1966. Il commence à mener une politique d’expositions qui contrebalance la vision moderniste dominante développée par Szarkowski. Dans l’exposition « Photography as Printmaking » (1968), il essaye de démontrer que le photographe est autant un artisan qu’un œil. Le travail manuel est revalorisé, le médium est rendu « visible ».

L’exposition « Photography into Sculpture » (1970) rapproche quant à elle la photographie de la sculpture. Le propos prolonge celui de « Photography as Printmaking » : en montrant que la photographie ne se résume pas à une surface plane – interface visuelle et transparente entre le monde et nous-même, spectateurs.

Certaines expositions récentes aux Etats-Unis se sont inspirées de l’approche de Bunnell. Elles ont choisis de présenter des oeuvres contemporaines mettant en jeu les rapports entretenus entre la photographie et la sculpture, ou plus généralement la photographie et les trois dimensions. C’est le cas de « Truthiness : Photography as Sculpture », présenté en 2008 au California Museum of Photography (UCR), mais aussi de « Photo Dimensional » au programme du  Museum of Contemporary Photography (MOCP, Chicago) en 2009.

L’exposition « Photography into Sculpture » du MoMa a été remontée trois fois, notamment en France, ce qui prouve qu’elle conserve une grande actualité.

Conclusion

Ce corpus a une actualité mais ce courant peut être historicisé. On pose ici les bases d’une problématique ambitieuse : l’hypothèse du design (l’enseignement dans les universités aux Etats-Unis), la dématérialisation rapide et la virtualisation (le numérique). En effet, notre sensibilité à la matière et à la photographie a beaucoup évolué avec les pratiques numériques. Le spectateur fait face à un flot d’images qu’il ne prend souvent plus le temps de regarder dans le détail. Aussi, le travail de ces artistes est-il une manière de remédier à cette tendance, de redonner du poids à la photographie.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
ARIP (15 avril 2014). Compte-rendu de la réunion du 3 avril. ARIP. Consulté le 16 juillet 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/cx3o


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